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Articles de presse

Rio Tinto à Madagascar : Une mine détruit la biodiversité unique de la zone littorale de Fort-Dauphin

Des représentants des sociétés minières les plus mal famées du monde se réunissent à Londres, Angleterre, le 21 et 22 Juin pour le «Responsible Extractives Summit». Le World Rainforest Movement et Re: Common se joignent à London Mining Network à exposer la destruction de l'environnement et les violations des droits humains causées par cette industrie avec le lancement d'un nouvel article sur un projet de compensation de la biodiversité de Rio Tinto. La societé utilise le projet de compensation pour verdir la destruction d'une forêt rare à sa mine de ilménite dans le sud-est de Madagascar. L'article montre comment le projet de compensation n’a laissé que des dunes de sable aux villageois à l'un des trois biodiversité pour cultiver leur aliment de base, le manioc. L'article aussi examine le rôle que les ONG de conservation et les institutions tels que Kew et Missouri Botanical Gardens jouent à 'verdir' une exploitation minière qui est en train de détruire une forêt littorale unique afin d’extraire, pendant 40 ans, la matière première nécessaire à la production de peinture  blanche  industrielle.

Tungstène : les enfants de Salau réveillent l’Ariège

[NB : Cet article ne réflète pas les opinions du Collectif Aldeah. Il illustre la situation en Ariège sur le PER-M de Couflens]

À Salau, dans le Couserans, l’heure du renouveau minier est-elle arrivée sur l’ancienne mine de tungstène?

Étymologiquement le nom Ariège se rapproche d’une antique coutume minière, des écrits sur les mines du Couserans datent de 1483 lorsqu’elles furent concédées par Charles VIII. Fidèle à cette tradition, en 2016, l’Ariège  souhaite ranimer l’exploration minière autour de l’ancienne mine de tungstène de Salau. Ce souhait, un évènement en France, se matérialisait le 18 mars 2016, un vendredi soir, dans la salle omnisport de Saint-Girons où près de 1000 personnes se réunissaient pour s’informer sur l’exploration minière autour d’une association locale ariégeoise de bénévoles nommée PPERMS, « Pour le Projet d’Étude et de Recherche de la Mine de Salau ». La réussite de cette réunion est un exploit dans une vallée de 3500 âmes ; c’est un exploit en France car cette soirée n’était ni organisée par les services de l’état (il est normal que l’État n’aiguillonne ni ne précède des citoyens qui se prennent en main), ni par des élus (la mairie de Saint Giron fit payer la salle omnisport 1000€ et les chaises  0.65€ l’unité), ni par un parti politique mais par des bénévoles ; c’est un exploit car un vendredi soir on y discuta sciences, médecine et géologie.

La « mine responsable » n'est pas pour demain

Le ministre de l’Economie, de l’industrie et du numérique Emmanuel Macron a présidé ce 1er avril la réunion de lancement de l’initiative « mine responsable ». Un comité de pilotage « au format Grenelle », selon le cabinet du ministre, sera composé d’élus locaux et nationaux, d’organisations non gouvernementales et de représentants des industriels et des salariés. Ce comité aura à charge la rédaction d’un livre blanc d’ici l’automne pour dresser un état de l’art des innovations à même de réduire l’impact de l’activité minière. Ces travaux devront servir de référentiel technique.

Sans vouloir faire d’allusion désagréable sur le choix de la date de cette annonce, cette initiative pose deux questions sérieuses : la mine « verte » et, plus globalement, le retour de l’exploitation minière en France sont-ils envisageables ?

« Grande Transition » : d’autres modèles économiques sont possibles (et nécessaires) !

J’ai été invité à introduire une journée de séminaire très réussie sur les questions d’emploi et de travail dans la transition écologique, avec beaucoup de monde et d’interventions, hier 27 janvier. Le programme est ici. J’ai choisi de traiter une question controversée mais cruciale pour estimer les créations d’emplois dans cette transition : quels modèles économiques (ou socio-écolo-économistes) utiliser, et pourquoi les modèles macro-économiques existants me posent des problèmes ? Voici des extraits de mon support d’intervention.

On trouve dans tous ces modèles des hypothèses de croissance et de gains de productivité perpétuels d’ici 2030 ou 2050, voire 2200 dans le rapport Stern de 2006. Ce qui a changé par rapport aux scénarios plus anciens, c’est que ces hypothèses ont été revues à la baisse (le graphique ci-dessous aide à comprendre pourquoi !), mais la démarche est la même.

Grèce : les citoyens de Chalcidique préfèrent la vie à l’or

Eldorado Gold, multinationale canadienne, voulait passer en force pour exploiter une gisement à ciel ouvert. S’appuyant sur un large mouvement d’opposition, Syriza vient de stopper ce projet délétère pour l’environnement et l’avenir économique de la région.

Chalcidique (Grèce), envoyée spéciale.C’est en empruntant une route nationale en piteux état que l’on se rend en Chalcidique. Troisième plus importante destination touristique du pays, cette péninsule, située à l’est du golfe de Thessalonique et prolongée par trois presqu’îles bordées par la mer Égée, est un bijou de nature préservée, réputée pour ses plages, mais aussi pour la qualité de ses fruits et légumes, ses poissons, son miel et ses fromages, qui s’exportent dans tout le pays. En arrivant vers le village de Skouries, on voit qu’une grande artère goudronnée fl ambant neuve a été taillée à fl anc de montagne. Aucun panneau de signalisation n’indique sa destination. Et pour cause, cette route de 8 kilomètres, construite avec des deniers publics, est à usage privé. Elle conduit au site de la mine qu’est en train de creuser la multinationale canadienne Eldorado Gold : une exploitation de cuivre et d’or à ciel ouvert.

Armé d’une tronçonneuse, le milicien FNSEA hurle : « Ta gueule, salope » 6 mars 2015 / Marine Vlhahovic et Isabelle Rimbert (Reporterre)

Des pro-barrages venus de loin et ignorant le dossier. Des injures et des tronçonneuses. Des menaces envers les agriculteurs opposés au barrage. Des gendarmes bien polis avec les miliciens de la FNSEA. Récit de la journée du 5 mars. Bienvenue à Sivens.

- Lisle-sur-Tarn (Tarn), reportage

« Votre carte de presse ! » En ce jeudi après-midi, ce n’est pas auprès de gendarmes mobiles mais d’agriculteurs qu’il faut montrer patte blanche pour accéder à la ZAD du Testet. Postés à l’entrée de Barrat, décorée pour l’occasion de drapeau FNSEA, un petit groupe de pro-barrages filtre le passage. Le ton est péremptoire. Moi et mon confrère nous exécutons. « Il faudra penser à changer la couleur du véhicule parce qu’ici ça ne passe pas, ça fait ’baba-cool’ », nous avise-t-on avant de nous laisser filer. Pourquoi ce conseil ? La camionnette de mon collègue photographe a le malheur d’être verte. La route d’accès principale est encombrée de voitures de pro-barrages. Une soixantaine d’entre eux sont rassemblés à quelques mètres seulement des premières barricades de la ZAD, retenus par un cordon de gendarmes mobiles.

La carte des permis miniers en France

Cette carte permet de visualiser les permis exclusifs de recherche accordés à des entreprises privées ou en cours d'instruction, ainsi que les mines déjà en activité en France métropolitaine et en Guyane.

Imider: Marche de protestation des femmes

Pour la troisième fois consécutivement, les femmes d’Imider marchent pacifiquement le long de la route nationale n°10. Ces femmes ont pris part à la lutte pour les droits légitimes des habitants en participant au côté de leurs maris et leurs enfants à toutes les formes de protestation qu’Imider a connu jusqu’ici. Aujourd’hui 8 mars 2015, la lutte est plus forte qu’hier sur le mont « Alebban » contre la mine d’argent exploitée par la SMI ( Société Métallurgique d’Imider) et ainsi que contre les politiques de marginalisation et d’appauvrissement imposées par le Makhzen.

Cette marche des femmes, comme celles des deux années précédentes, a également pour objet l’absence de prise en compte des droits humains dans le traitement de cette juste cause. Elle dénonce les pratiques violentes et irresponsables des autorités et des administrations publiques manipulées qui tentent d’ignorer les revendications des habitants. Les militantes ont revendiqué la libération de leurs jeunes fils détenus, victimes de dossiers judiciaires frauduleux, et la levée de l’approche sécuritaire à Imider.

Comment assimiler les écologistes aux terroristes : la leçon du Canada

Au nom de la lutte antiterroriste, le gouvernement canadien de Stephen Harper utilise depuis des années l’appareil policier pour museler le mouvement écologiste qui conteste ses projets pétroliers. La méthode inspire discrètement les gouvernements européens.

Les terroristes posent des bombes et tuent des gens pour traumatiser la société alors que les écologistes tendent des banderoles sous la neige pour protester contre des oléoducs. La précision paraît anodine mais depuis quelques années, au Canada, elle devient utile tant le gouvernement fédéral s’est évertué à brouiller la distinction.

"Nous, on a choisi des manières pacifiques de contester. Ce n’est pas parce qu’on s’assoit au milieu du chemin pour bloquer un camion qu’on est des criminels. Il faut faire la différence entre un terroriste qui va faire sauter un puits et quelqu’un qui s’asseoit pour défendre ses droits."

Ainsi se justifiait avec son accent du nord de Québec, Serge Fortier du Regroupement inter-régional sur le gaz de schiste de la Vallée du Saint-Laurent. En 2013, ce militant associatif a découvert qu’il avait été mis sur écoute par les services de renseignement de son pays pour avoir manifesté contre l’exploitation de ces hydrocarbures dans sa région.

Aucun attentat n’a justifié une telle radicalisation de la surveillance des groupes environnementalistes canadiens. Tout part d’un projet économique érigé en dogme politique par le gouvernement libéral de Stephen Harper. Même si, indirectement, Serge Fortier a été la victime d’un arsenal anti-terroriste laissé à l’abandon au lendemain du 11 septembre 2001.


 Etape 1 : requalifier l’ennemi

L’évolution de la définition du terrorisme qui mènera à espionner des militants anti-gaz de schiste débute au lendemain des attentats du World Trade Center. Une remise en cause s’opère alors dans les structures de surveillance nationales, notamment aux Etats-Unis et au Royaume-Uni mais aussi au Canada : comment avons-nous pu laisser passer ça ? Une doctrine émerge alors autour de la “fusion” des responsabilités des différentes agences et de l’élargissement de leurs prérogatives.

Deux événements d’ampleur mondiale se déroulant au Canada en 2010 vont servir de laboratoires à cette nouvelle politique sécuritaire : le sommet du G20 à Toronto et les Jeux Olympiques de Vancouver. En vue de ces deux rassemblements pouvant constituer des “cibles” aussi bien pour des menaces intérieures qu’extérieures, une nouvelle structure est créée : l’Unité de sécurité intégrée (ISU) de Vancouver, disposant des services de 15 500 policiers de 120 agences de sécurité gouvernementales.

Sur le modèle des “fusions centers” américains, cette “super-administration” dispose d’un accès étendu à toutes les données des forces de police. Cette extension tentaculaire va l’amener à inclure dans son “schéma de menace” des organisations sans grand rapport avec le terrorisme.

 
“Extrêmistes à motivation multiple”

Focalisé au départ sur al-Qaeda, l’ISU va progressivement surveiller toutes les organisations exprimant une opposition politique aux Jeux olympiques : écologistes préoccupés par la destruction d’espaces naturels pour les installations, syndicalistes protestant contre les conditions de travail, Indiens de Colombie britannique dont les terres furent rognées par les sites… Les chercheurs Kevin Walby et Jeffrey Monagham, qui ont étudié des rapports des services de renseignements rendus publics via la loi de libre accès à l’information, décrivent cette dérive :

"Alors que les Jeux de Vancouver approchaient, l’ISU a réalisé que l’opposition intérieure était la source de trouble la plus probable et a mis en place une série d’opérations d’étouffement des mouvements anti-Jeux. [...] Par exemple, des officiers de l’ISU ont donné de nombreux coups de fil au domicile d’activistes ou critiques avant les JO. Entre le 3 et le 5 juin 2009, environ 15 activistes anti-Jeux ont été visité par huit agents de l’ISU. L’ISU disposait également d’agents infiltrés qui ont passé plusieurs années au sein des groupes de Colombie Britannique et d’Ontario."

Pour qualifier ces nouvelles cibles, l’ISU et les agences gouvernementales ne disposaient pas d’outils “théoriques”. Il leur fallu donc inventer un terme assez large et imprécis pour rassembler sous une même bannière préoccupations environnementale, sociale et indiennes. Le vocable forgé au début des années 2000 par ces organisations fut “multi issue extremists”, soit “extrêmistes à motivation multiple”.

Entre mai 2005 et janvier 2010, Walby et Monagham prennent connaissance de 25 rapports de renseignement mentionnant ce terme tandis qu’Al-Qaeda et les organisations terroristes reconnues en disparaissent progressivement. Plus préoccupant, cette terminologie finit de lever les barrières entre terroriste, extrêmiste et activiste pour les tisser en une matrice de menaces indéfinies, comme nous l’expliquait Kevin Walby :

"Au départ, le terme MIE avait été fabriqué pour les JO mais il leur a survécu et a muté en un terme “attrape-tout”, qui recouvre désormais les activistes natifs de “Iddle no more” comme les activistes anti-pipelines."

Le mode d’action violent n’étant plus le critère pour juger des terroristes et des non-terroristes, la surveillance peut cibler n’importe quel opposant. Non content de redéfinir les personnes, les services de sécurité canadiens vont jusqu’à redéfinir les actes de terrorisme. Selon d’autres documents du CSIS (les services de renseignement canadiens), le blocage de route ou de l’accès à des immeubles apparaît désormais comme “des formes d’attaque” aux yeux des forces de l’ordre.

SIVENS-TESTET : menaces, milices et silences

Par Marc Laimé, 2 février 2015

Quatre jours après l’annonce par Mme Ségolène Royal que les occupants de la ZAD de Sivens seraient évacués quand le Conseil général du Tarn choisira, en principe le 6 mars prochain, d’édifier un nouveau barrage, à peine plus petit, quasiment au même endroit, la situation n’a pas tardé à dégénérer, témoignant que c’est bel et bien la stratégie du pourrissement qui l’emporte, avec tous les risques qu’elle comporte.

Un très mauvais scénario. A peine rendue publique la position de la ministre de l’Ecologie (ce qu’il en reste), un huissier mandaté par le Conseil général du Tarn venait constater l’occupation de différentes parcelles sur la ZAD.

Le jeudi 29 janvier la maire de l’Isle-sur-le-Tarn rend publique la lettre qu’elle adresse ce même jour au Premier ministre, appel au “rétablissement de l’ordre” qui rappellera aux plus de vingt ans l’ère Marcellin…

In Salah poursuit sa grogne anti-schiste dans la confusion, la police hausse le ton

Contrairement à ce qui a été annoncé dans le journal de 12h30 de ce jeudi 29 janvier sur la radio nationale, où a été rapporté que "les jeunes de In Salah ont levé leur campement", les protestataires continuent leur mobilisation contre le gaz de schiste deux jours après les annonces du président Bouteflika.

Jeudi, les habitants d'In Salah ont organisé une marche et tenu un rassemblement à la place "Somoud" pour la 29e journée consécutive alors que la police, jusqu'ici discrète, s'est montrée plus visible. Des centaines de personnes ont rejoint la marche quotidienne contre le gaz de schiste, devenue une habitude depuis presqu'un mois à In Salah.

Le comité des 22, représentant des manifestants, exige, afin de mettre fin à ce mouvement, l'installation d'une commission technique chargé du suivi et du contrôle des forages de gaz de schiste, rapporte le quotidien Liberté. dans son édition d'aujourd'hui.

“Nous sommes contents que Bouteflika décide de la fermeture des puits, mais il doit nous assurer quant à la mise en place d’une commission de suivi et de contrôle de ce processus. Notre souhait est qu’il y aurait au moins cinq techniciens de la région dans cette commission que désigneront les citoyens d’In Salah”, a annoncé Abdelkader Bouhafs, un des leaders du comité.

Louisa Hanoune et le gaz de schiste en Algérie: entre soutien et désinformation

« Comment ça se fait que nos docteurs, nos professionnels de la santé disent qu’il faut un moratoire [sur le gaz de schiste] et que le politicien Claude Williams [nous dise] : il n’y a pas de problème, faites-nous confiance. Moi, quand j’ai un problème de santé, je vais voir un professionnel de la santé, pas un politicien. » Nicole Richard, porte-parole du comité Notre environnement, notre choix, Canada.[ii]

El Watan a récemment publié un article qui expose le soutien de Louisa Hanoune à l’exploitation du gaz de schiste en Algérie[iii]. En affirmant résolument que les inquiétudes des Algériens à ce sujet sont « légitimes mais infondées », elle appelle la population à ne pas s’inquiéter car l’Algérie « dispose d’une loi sur les hydrocarbures à la hauteur ». Je pense au contraire qu’il est légitime de s’inquiéter… non seulement à l’égard de l’exploitation du gaz de schiste en Algérie, mais également à la désinformation et aux contrevérités avancées par Mme Hanoune pour légitimer cette pratique en Algérie.

La secrétaire générale du Parti des travailleurs avance que « le gaz de schiste est déjà exploité dans d’autres pays à l’image des Etats Unis et du Canada ». Rien que cette première citation mérite d’être décortiquée. De prime abord, Louisa Hanoune souhaite légitimer l’exploitation du gaz de schiste en Algérie parce que de grandes puissances (ex. États-Unis et Canada) l’ont fait. Consciemment ou inconsciemment, elle omet de dire que la France[iv], le Québec, la Hongrie, la Roumanie et la Bulgarie ont imposé un moratoire sur l’exploitation du gaz de schiste en raison des risques écologiques de la fracturation hydraulique. Par la même occasion, elle omet de mentionner que l’exploitation du gaz de schiste a été suspendue en Angleterre en 2012 dans l’attente d’études environnementales approfondies, ou encore que l’Allemagne a reporté sine die tous les projets d’exploration dans l’attente de conclusions des recherches d’un grand groupe de travail où universitaires, industriels et politiques ont été réunis.

Tribune libre. Kenneth White pour « un bastion de la résistance »

L'écrivain, Kenneth White, qui partage le combat du Peuple des Dunes contre l’extraction de sable en baie de Lannion, a pris la plume à la veille de la manifestation de samedi.http://www.letregor.fr/2015/01/22/tribune-libre-kenneth-white-pour-%C2%AB-un-bastion-de-la-resistance-%C2%BB/
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Au moment où l’État prépare, en grande pompe, une rencontre mondiale sur l’écologie à Paris, son ministère de l’économie et de l’industrie mijote un plan qui aurait pour conséquence la destruction de toute une côte française : le projet de pomper huit millions de mètres cubes de sable dans la baie de Lannion, Côtes d’Armor.
Ce projet est absurde. Il est pire que cela, il est ubuesque. Et il n’est pas le seul de son espèce. Au nom de la Croissance, tout le territoire français est menacé. Mais ce projet-ci est particulièrement flagrant et parlant.
Rappelons les faits, car dans le déluge des informations, tout s’oublie vite, y compris l’essentiel (certaines stratégies politiques comptent là-dessus).
En 2010 est présentée à la préfecture du Finistère (Direction de l’Animation des politiques publiques) une demande de concession minière et d’ouverture de travaux d’exploitation par la SEA, une filiale du groupe Souillier spécialisé dans « les ressources de la nature » : extraire 400.000 m3 de sable coquillier sur une dune de 4 km2, située à 6 kilomètres au large de Trébeurden, entre deux zones protégées par la convention Natura 2000, celle de la baie de Morlaix, celle de la Côte de granit rose et l’archipel des Sept-Îles, une des plus belles réserves d’oiseaux marins migrateurs de la France et de l’Europe.
Pour quiconque connaît la Convention européenne du paysage, le Livre bleu de la mer et des océans et la Charte des espaces côtiers, un tel projet dément et meurtrier (deux « dragues aspirateurs » fouillant les entrailles de la baie), était très évidemment irrecevable.
Lors de l’enquête publique, l’avis de la population, ainsi que celui de tous les responsables politiques locaux, était massivement défavorable. Mais « vu que » l’extraction des « matériaux et produits issus de la mer » est une « activité légitime » qui, « selon la stratégie nationale doit être développée », le Commissaire-enquêteur de la république, écartant toute la question fondamentale, du combien, du comment et des conséquences, donne un avis favorable. Accompagnant, bien sûr, sa décision d’une bonne dose de langue de bois concernant la création d’un « comité de pilotage » pour assurer le « respect de l’environnement » et une « recommandation » au Comité départemental d’information de faire tout pour « rassurer les populations ».


22/01/2015 à 10:21 par npipelier