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Mines de métaux : Cominor envisage 50 à 60 sondages en Creuse

Après une première tranche de travaux, une deuxième pourrait débuter en juillet à Lussat. Mais Cominor est toujours dans l’attente des fameuses autorisations…

La deuxième réunion du comité de suivi du PER de Villeranges a eu lieu à la préfecture de Guéret  en début de semaine, avec des échanges plutôt techniques et animés !

Des échanges techniques

Le porte-parole de Cominor a présenté les résultats des travaux menés en 2014 jusqu’au début 2015, avant d’évoquer le programme à venir de 2015 qui fait encore l’objet d’une déclaration d’ouverture de travaux, actuellement en cours d’instruction. 

« Nous avons envoyé un premier dossier sur lequel on nous a demandé quelques précisions, notamment sur les études de dangers et santé-sécurité des personnels. On est en train de finaliser ce dossier ce qui sera sans doute fait dans la semaine. Après, il suivra son cours normal d’instruction par la DREAL, la préfecture et les autres organismes concernés », explique Dominique Delorme, de Cominor.

Bientôt, des mines près de chez vous ? Métaux, marchés et division du travail

Date de publication: 
Mardi, 4 Février, 2014
Par: 
Anna Bednik / Collectif ALDEAH


Cerro de Pasco, PérouCerro de Pasco, PérouLe 17 juin dernier, le Ministère du redressement productif accordait à Variscan, filiale d’une société minière « junior » domiciliée en Australie [1], un premier « permis de recherches de mines » - le PER de Tennie - couvrant 205 km2 entre la Sarthe et la Mayenne. Cinq mois plus tard, le PER de Villaranges, dans la Creuse, est octroyé à Cominor, une autre micro-entreprise au capital social d’à peine 38 125 €, dont la maison-mère canadienne, La Mancha, « junior » elle aussi, est aujourd’hui détenue par un fond d’investissement luxembourgeois [2]. En décembre dernier, s’est terminée la « consultation du public » (possibilité d’adresser ses observations au Ministère par courrier électronique) pour les demandes de permis de Saint-Pierre (Maine-et-Loire) et de Beaulieu (Loire Atlantique), qui viendront bientôt grossir le portefeuille minier de Variscan. Plusieurs autres demandes sont en cours d’instruction. Parmi les métaux visés, on trouve principalement le cuivre (Tennie), l’or (Villeranges et Saint-Pierre) et l’étain (Beaulieu), mais également de nombreux autres minerais qui peuvent y être associés : zinc, plomb, argent, antimoine, tungstène, niobium, tantale, molybdène, lithium, indium, germanium… Comment s’explique ce nouvel intérêt pour les métaux de l’Hexagone ?  

Aujourd’hui, presque tous les objets qui peuplent notre quotidien contiennent des métaux. 8 millions de kilomètres de câbles de cuivre assurent le transport du courant électrique en Europe. Une voiture individuelle en renferme en moyenne 2 km (soit 20 kg), mais aussi 780 kg d’acier, 130 kg d’aluminium, 15 kg de zinc et 8 kg de plomb. En France, le bâtiment et les travaux publics consomment près de 4 millions de tonnes d’acier par an. Un avion long-courrier de nouvelle génération (du type A350) est fait d’approximativement 23 tonnes d’aluminium, 17 tonnes d’alliages de titane et 12 tonnes d’aciers et d’alliages spéciaux. Et il faut 240 tonnes de nickel pour construire un réacteur de centrale nucléaire EPR. Les perpétuelles innovations multiplient sans cesse les composants métalliques des « biens » individuels de consommation que la publicité se charge de nous faire acheter. La haute technologie « intelligente » (téléphones, ordinateurs, etc.) et les nouvelles technologies « vertes » (voitures hybrides ou électriques, photovoltaïque, éolien, etc.) engloutissent des quantités toujours croissantes non seulement de cuivre et de silicium, métaux par excellence des applications électriques et électroniques, mais également de platine et de palladium, d’or et d’argent, de gallium et d’indium, de germanium, de titane, de tantale (coltan), de lithium, de cobalt et de terres rares. Dans « Quel futur pour les métaux » [3], un passionnant ouvrage auquel cet article emprunte un certain nombre de données, Philippe Bihouix et Benoît de Guillebon attirent également l’attention sur ce qu’ils appellent les « usages dispersifs », à savoir « l’incorporation de métaux dans des produits chimiques ou des objets de consommation courante » qui, de même que les alliages de plus en plus nombreux et sophistiqués, augmentent la part des minerais définitivement perdus pour le recyclage. Les métaux se retrouvent ainsi dans les pigments, les encres et les peintures, les fertilisants, les additifs dans les verres et les plastiques, les pesticides ou les feux d’artifice. Mais aussi : dans les shampoings (sulfure de sélénium, strontium ou mercure), les teintures pour cheveux (bismuth, plomb, cobalt), les rouges à lèvres nacrés (bismuth, un métal lourd associé au plomb), les savons désinfectants (arsenic ou sélénium), les déodorants (aluminium, zirconium, sulfate de zinc), les dentifrices (titane pour colorer en blanc, sulfate de zinc, parfois étain), les lames de rasoirs jetables (cobalt), les fleurs coupées (sulfate de nickel ou nitrate d’argent pour garder la fraîcheur !), les colorants alimentaires (aluminium), etc., etc., etc. [4].  En 2012,  la « production » mondiale des métaux (résultat de l’extraction des minerais et des traitements pour en extraire les métaux recherchés) a dépassé les 3 milliards de tonnes [5]. 

Une croissance chargée en métaux

Folie de l’or : mieux vaut prévenir que guérir

Permis de VillerangesPermis de Villeranges

Acteurs

3 millions d’euros. C’est ce qu’ils vont mettre dedans. Il vaut mieux être sûr de son coup à ce tarif. Et c’est la Cominor qui veut exploiter ça. Son chiffre d’affaire (verif.com au 02/09/2013) est de 3 142 776 euros (à peu près le tarif du permis) et son dirigeant est Dominique Delorme, qui dirige aussi le groupe mère « La Mancha Resources INC » (siège social à Vancouver ‑ Cocorico M. Montebourg) qu’Areva a refilé à Weather II (lire l’encadré).

Ils exploitent déjà des gisements en Afrique mais un nouveau territoire (national) à « coloniser » où il n’y aurait pas trop d’autochtones pour gueuler, serait par exemple… la Creuse.

Le 14 février 2013, le préfet, l’ancien, quatre jours avant de partir, faut-il croire puisque la nouvelle préfète a pris ses fonctions le 18 du même mois, a réservé une suite favorable à la demande du permis de Villeranges.

Et la population a eu un gros mois pour dire son avis… en plein été. Ça rassure franchement, on voudrait faire un truc louche qu’on ne s’y prendrait pas autrement. Mais les messieurs de la Cominor, de la préfecture et du ministère n’habitent certainement pas à Villeranges. Et je me suis déplacé dans le coin pour voir ce que les gens en disaient.

Un déplacement autour de Villeranges (commune de Lussat)

La note de présentation précise déjà que ce sont les hameaux de Villeranges, des Farges et de Varennes (Lussat) les plus concernés.

Je suis d’abord allé sur les communes de Lépaud et Chambon, qui ont des surfaces touchées par le permis. Il y a une personne qui n’en n’avait même pas entendu parler, et qui a dit que ce serait bien s’il y avait de l’or. Je lui ai dit que de toute façon le sous-sol appartient à l’État : elle ne le savait pas. Dans un autre hameau, quelqu’un encore n’était pas au courant d’habiter sur le périmètre d’exploration autorisé. Il m’a dit d’aller voir le propriétaire. Selon celui-ci, c’est surtout le hameau des Farges qui serait concerné, parce qu’ici les carottages d’il y a quelques année n’avaient pas donné grand-chose. Pourtant, « ici » est quand même sur le permis, va savoir pourquoi…