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Barrage de Kandadji au Niger, un nouveau désastre environnemental, social et politique ?

Date de publication: 
Jeudi, 4 Février, 2016
Par: 
Thierry Uso

La société Tractebel-Coyne & Bellier (Groupe Suez, France), qui possèderait une équipe dédiée aux études d'impacts sociaux et environnementaux (EIES), vient de remporter le marché de la réinstallation de 20000 à 33000 personnes à déplacer de l'amont vers l'aval, en raison de la construction du barrage hydro-électrique de Kandadji au Niger sur le fleuve en amont de Niamey, près de la frontière malienne. Ce barrage va inonder les terroirs des futurs déplacés. Les autres bureaux d'études candidats qui, semble-t-il, posaient des conditions plus drastiques à tout déplacement ont été écartées, entre autres parce qu'il n'y a pas d'espace de relocalisation disponible à l'aval dans cette région densément peuplée.

La construction de ce barrage financé par un consortium de banques - la Banque Africaine de Développement (BAD), la Banque Islamique de Développement (BID), le Fonds Saoudien de Développement (FSD), le Fonds koweïtien pour le développement économique arabe (FKDEA), le Fonds de l'OPEC (OFID), la Banque Arabe pour le Développement Économique en Afrique (BADEA), la Banque Ouest-Africaine de Développement (BOAD), La Banque d'Investissement et de Développement de la CEDEAO (BIDC) et les Fonds de Abu-Dhabi, rejoints en 2012 par la Banque Mondiale (garante de l'application des directives de la Commission Mondiale des Barrages) - avait été commencée il y a quelques années par une entreprise russe, ZVS, dont le contrat a été dénoncé pour malfaçons et corruption.

Dans un article intitulé "Le barrage de Kandadji, un projet de la Banque mondiale, laisse les communautés nigériennes à sec", International Rivers montre les conséquences dramatiques que le barrage risque d'avoir pour les populations locales. Le gouvernement nigérien s'est empressé de démentir International Rivers par l'intermédiare du Haut Commissariat à l'Aménagement du Niger (voir fichier attaché). Alors que les élections présidentielles au Niger vont certainement reconduire le Président Issoufou au pouvoir, celui-ci promet l'aboutissement de ce projet qui se trouve dans une région dominée par son opposition politique.

Le barrage de Kandadji semble faire bouillir le chaudron sahélien dont on connaît pourtant les tenants et aboutissants depuis plusieurs années. Y a-t-il un lien avec le regain d'incidents, d'attaques et de tensions dans l'aire d'une des plus vieilles civilisations ouest-africaines, aux systèmes de culture perfectionnés, affectée par ce grand barrage ? FL Macina, MUJAO, Ansar Eddine, AQMI, Boko Haram et associés ne viennent-ils pas de recevoir un formidable soutien "involontaire" de la Banque Mondiale et du Niger ? Combien de divisions en réserve pour Barkhane ? Même si, à Boromo, on a croisé 50 véhicules militaires OPEX français fraîchement débarqués à Abidjan et remontant vers le Sahel, ça ne pèse pas lourd dans ces immensités.

Documents

Pour refuser la REDD+ et les industries extractives pour s’opposer au capitalisme et défendre la vie et les territoires

Information Communiqué
Date de publication: 
Jeudi, 27 Novembre, 2014
Par: 
WRM

CdP 20, Lima, décembre 2014

 

À l’occasion de pourparlers de l’ONU sur le changement climatique qui auront lieu à Lima, au Pérou, et que   l’on appelle CdP 20, nous affirmons que le refus du système REDD+ et des ‘services  environnementaux’ proposés  dans  le  cadre  de  ‘l’économie verte’  est  un  aspect fondamental de notre lutte contre le capitalisme et les industries extractives et pour la défense des territoires, de la vie et de la Terre‐mère.  Les accords des Nations unies sur le climat n’ont pas réussi à réduire les émissions des gaz qui provoquent le réchauffement planétaire. En fait, les mécanismes et les politiques qui ont découlé de ces accords, parmi lesquels figure la REDD+, ont permis de poursuivre, de légitimer et d’intensifier des activités aussi destructrices que les industries minière, pétrolière, gazière et charbonnière,  la  monoculture  d’arbres  et  l’agro‐industrie.  Ces  industries  sont  la  cause principale de la crise climatique; elles ont adopté le discours de la ‘durabilité’, du ‘déboisement zéro’, de la ‘responsabilité socio‐écologique’, du ‘découplage’ ou des ‘projets économes en carbone’, dans le cadre d’une économie ‘verte’. Or, nous savons qu’au‐delà de la propagande destinée à blanchir leurs images, le système extractiviste et le capitalisme mondial institutionnalisé  mènent  toujours  au  saccage  de  la  Terre‐mère,  ainsi  qu’au  pillage,  à  la violence, à la destruction et à la criminalisation de ses communautés, ses peuples, ses terres et ses territoires.

Les défenseurs de l’économie ‘verte’ prétendent nous faire croire qu’une ‘croissance durable’ est possible, que l’on peut ‘se découpler de la nature’ avec les modes de production capitalistes, et qu’il est possible de ‘compenser’ ou d’atténuer la pollution et la destruction d’un endroit par la ‘recréation’ ou la ‘protection’ d’un autre. En appliquant une logique injuste et colonialiste, l’économie ‘verte’ soumet la nature et les peuples autonomes en leur imposant des restrictions sur l’utilisation et le contrôle de leurs territoires, afin de remplir les poches de quelques‐uns, même lorsque les  communautés possèdent des  titres de  propriété sur  ces territoires.

Les  ‘services  environnementaux’ sont  un  des  piliers  du  nouveau  capitalisme  mondial.  Ils comportent  la  financiérisation,  la  marchandisation,  l’asservissement  et  l’esclavage  de  la nature, en la soumettant à la logique du capital. Le marché du carbone, la compensation de biodiversité et les marchés de l’eau font partie de cette forme de capitalisme. Les ‘services environnementaux’ et le modèle économique hégémonique sont interdépendants.