Témoignages des habitants des villages voués à disparaître :
« Je suis née ici, j’ai grandi ici et j’avais l’intention de mourir ici. Pourquoi devons-nous déménager au profit d’une entreprise ? Déjà aujourd’hui nous supportons la pollution de la mine voisine, avec la poussière, le bruit des excavatrices et la lumière des projecteurs (la mine fonctionne 24h/24) […] la mine est le seul sujet, on ne parle que de ça ».
« La lignite nous rend la vie dure. Nous sommes les victimes de la mine. Devoir partir est impossible à réaliser […] Quand on déménage simplement, on peut revenir à l’endroit où on a vécu ; là, on ne nous prend pas seulement nos maisons, mais l’âme de notre village. Nous n’aurons plus d’église après le déménagement. Des habitants choisiront de s’installer ailleurs. La communauté villageoise d’aujourd’hui, nos associations, notre identité, seront définitivement brisées par la mine. Matériellement, les conditions sont supportables. Les indemnisations permettent de reconstruire une maison, mais le stress psychologique est très élevé ».
Lors de la visite d’un nouveau village construit par RWE : « C’est du Legoland, ce n’est plus un village, c’est un lotissement,… là vous avez le cimetière – les morts étaient du voyage » …
Pour RWE : « Le déplacement des personnes est la partie la plus délicate dans l’exploitation des mines à ciel ouvert ».
Emplois contre environnement ?
Pour RWE, la société exploitante : « c’est ici que se trouve la matière première de notre lumière, notre chauffage, notre électricité, seule source d’énergie de notre région produite sans subvention, moteur économique qui garantit des dizaines de milliers d’emplois, permet de produire de l’électricité sur place, source d’énergie essentielle pour l’Allemagne ».
Pour une association environnementaliste : Une tonne de lignite dans une centrale thermique produit une tonne de CO2, c’est la source d’énergie la plus polluante que nous utilisons. Paysages, couches géologiques et nappes phréatiques détruits jusqu’à une profondeur de 400 m, les terres agricoles perdent de leur valeur ; il est prévu qu’un lac fasse place à la mine (pour « offrir de nouvelles perspectives à la région »), et de dévier l’eau du Rhin pour le remplir… Inconnue : le niveau d’acidité de l’eau à cause de la présence de souffre dans le lignite.
Le SPD, porte-voix traditionnel du charbon, le syndicat IG BCE vante les mérites du lignite pour les salariés : emplois bien rémunérés, lignite crée de la richesse pour la région, etc.
Inconnues économiques :
Le modèle allemand date du gouvernement Schroeder qui a associé au pouvoir, de 1998 à 2005, les socio-démocrates et les écologistes. Au terme d’une laborieuse négociation avec les industriels, l’abandon graduel du nucléaire avait été décidé. A l’automne 2010 le gouvernement d’A. Merkel a décidé de prolonger la durée de vie des centrales, mais, 6 mois après, après Fukushima, c'est un virage à 180 degrés: on arrête les centrales les plus anciennes et les 17 réacteurs restants le seront progressivement d’ici environ 10 ans. Parallèlement, des mesures ont été adoptées pour soutenir le développement des énergies renouvelables, avec un objectif de produire d’ici 2050 80% de l’électricité sur cette base. La production accrue des énergies renouvelables fait augmenter la production de l’électricité, son prix sur le marché baisse, le solaire et l’éolien bénéficient des prix garantis et de subventions (répercutés sur la facture d’électricité) tandis que d’autres modes de production non.
L’exploitation du lignite reste-t-elle rentable ? La production de houille et de lignite a augmenté en 2011 et en 2012, les émissions des GES aussi, depuis un an. Les industries polluantes doivent acheter les quotas de pollution, mais leur prix a baissé, ce qui rend les pénalités relativement supportables. Affaire à suivre…
Plus d’information :
Images de la mine, d’un ancien village qui sera bientôt englouti par la mine et du nouveau village ici (en mettant de côté l’argument pro-nucléaire)
Sur Wikipedia
En Allemagne, le lignite a encore un avenir