A terme, la ville est vouée à disparaître ou, plus exactement, à être déplacée, elle et ses 80 000 habitants, à une vingtaine de kilomètre plus loin (ou plus, car plusieurs projets de « relocalisation » ont été élaborés depuis 1971). Déjà, il ne reste quasiment plus rien du centre historique de Cerro de Pasco, « ville opulente » et « ville minière », comme on peut le lire sur son blason. Une partie des habitants du centre ont migré dans la ville nouvelle, San Juan Pampa, située un peu en amont de la mine, qui, depuis, s’est rapprochée dangereusement.
Pour les habitants, la nouvelle « relocalisation » est un dilemme. Face à la pollution aux métaux lourds – les montagnes de déchets de l’activité minière aux abords de la ville sont à l’échelle de la mine, immenses - et devant le danger de voir leur maison s’écrouler dans le trou comme c’est déjà arrivé, leur laisse-t-on vraiment le choix ? « Oui », répondent les militants de la Fédération des communautés paysannes et natives de Pasco, qui luttent, comme ils peuvent, contre ce saccage de la nature et ce drame humain : « 400 ans d’activité minière, cela suffit. La mine doit fermer ses portes. Ensuite, on pourra décontaminer et mettre en valeur le développement agraire (laine, produits tissés, viande) ». Car Cerro de Pasco a (encore) un « verso », vert-bleu, celui des cours d’eau bleu-nuit et des petits lacs parsemant une campagne mouchetée du blanc et du noir des troupeaux d’alpagas (près de 20 000 bêtes) appartenant aux communautés environnantes. Difficile en revanche d’apercevoir la richesse promise dans les rues de la ville : tas d’ordures, rues défoncées, murs décrépis et maisons chancelantes. Destruction et pollution. Les gens ont certes du travail, mais à quel prix ? Chez la Fédération des communautés paysannes, on espère que ce mode de « développement » destructeur peut être revu. Nous aussi, nous espérons. Les montagnes sont tellement belles ici.
Par Irkita.
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