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Énergie nucléaire

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Fukushima, cogérer l'agonie

Un texte récent de Nadine et Thierry Ribault, à lire et faire tourner. Cogérer l'agonie.

Ou : "Changer le monde est devenu obsolète, il s'agit maintenant de s'adapter au monde qui change."
Mode d'emploi applicable en bien des occasions. De la pollution atmosphérique à la catastrophe nucléaire en passant par la pollution par les hydrocarbures.

En ce 11 mars 2015, quatre ans après l’inachevable désastre nucléaire de Fukushima, on peut, bien entendu, établir un bilan officiel : 87 enfants atteints d’un cancer de la thyroïde, 23 autres suspectés de l’être, 120.000 « réfugiés », 50.000 liquidateurs mobilisés au seuil sacrificiel dûment relevé, des piscines remplies de combustibles prêtes à nous exploser au nez, des rejets massifs et réguliers d’eau contaminée dans l’océan, pas moins de 30 millions de m3 de déchets radioactifs à stocker pour l’éternité.

Ce bilan existe. Nous vous y renvoyons.

L’État fait des habitants de Fukushima des cogestionnaires du désastre

Une fois ce « bilan » dressé, une fois les victimes et les inquiétudes considérées avec respect, il s’agit de tirer les conclusions qui s’imposent. L’une d’entre elles est la suivante : au fur et à mesure que se mettait en place l’aide fournie par des groupes citoyens, des ONG, des structures plus ou moins indépendantes, l’État faisait des habitants de Fukushima, indéniablement et sous couvert de « participation citoyenne », des cogestionnaires du désastre. On pourra nous opposer que cet élan civique a relevé de la spontanéité, voire de l’amour du prochain, que l’État n’a donné aucun ordre allant dans ce sens, que chacun était, et reste, libre de « s’engager » dans de tels mouvements, certes ! Cependant, beaucoup des hommes et des femmes qui l’ont fait, même si c’est inconsciemment, ont fait le jeu de l’État.

Voilà ce que nous avons constaté.

La plupart de ses groupes citoyens, ces ONG, ces structures plus ou moins indépendantes ont appelé les habitants à s’équiper de dosimètres, les ont aidé à s’en procurer ou à s’en fabriquer sur le mode do-it-yourself, les ont assistés dans la tâche pharaonique d’une impossible décontamination, ont réuni des fonds aux sommes parfois colossales pour acheter des équipements permettant d’effectuer des anthropogammamétries, y ont fait asseoir leurs congénères pour leur asséner des chiffres dont ils ne savaient que faire, ont élaboré des cartes des retombées radioactives au mètre près, ont ouvert des dispensaires dédiés à l’évaluation des doses reçues et au suivi sanitaire des populations. Ces « initiatives citoyennes » ont visé à rendre compte d’une réalité dont les protagonistes estimaient qu’elle était niée par les autorités. Ce faisant, plutôt que de les mener à « sauver leur vie », autrement dit prendre leurs jambes à leur cou (comme l’ont fait certaines structures, dans le Yamanashi par exemple, aidant les gens à refaire leur vie ailleurs), la plupart d’entre elles ont aidé les gens à rester sur place, ce qui a fait le jeu d’un État qui n’avait d’autre objectif, dès le début des évènements, que de maintenir les populations en place. Ce faisant, plutôt que de remettre en question la thanato-politique de folles sociétés humaines bâties sur le danger et le gouvernement par la mort, ces structures ont appris aux gens à vivre avec, attendu que les dosimètres créeraient le miracle. Lire la suite en pièce jointe

Brèves

Assigné à comparaître par Areva, l'Observatoire du nucléaire est menacé de disparition

L'Observatoire du nucléaire a reçu de la part d'Areva une assignation à comparaître devant le Tribunal de grande instance de Paris pour le vendredi 1er février 2013 (13h30).

Documents

Assigné par Areva le 1er février 2013 à Paris, l'Observatoire du nucléaire est menacé de disparition

Observatoire du nucléaire - http://www.observatoire-du-nucleaire.org. Communiqué du jeudi 20 décembre 2012.

Affaire de l'avion "offert" par Areva au Président du Niger : L'Observatoire du nucléaire assigné par Areva le 1er février 2013 à Paris.

  • Areva assigne l'Observatoire du nucléaire à comparaître en justice pour "diffamation"
  • En demandant 25 000 euros, Areva entend faire disparaître l'Observatoire du nucléaire
  • L'Observatoire attend toujours l'avis du ministre du Développement Pascal Canfin...

Mercredi 19 décembre 2012, en fin de journée, l'Observatoire du nucléaire a reçu de la part d'Areva, par l'intermédiaire d'un grand cabinet d'avocats, une assignation à comparaître (1) devant le Tribunal de grande instance de Paris pour le vendredi 1er février 2013 (13h30). Areva veut de toute évidence obtenir la disparition de l'Observatoire du nucléaire en essayant de le faire condamner à payer environ 25 000 euros (5000 euros au titre de l'article 475-1, trois insertions dans des journaux de 5000 euros hors-taxe chacune, plus les frais d'avocat, de déplacement, etc).