Cher-e-s élu-e-s,
Sarthois d'origine, j'ai longtemps été résident de la commune de Trangé, qui se trouve à 15 km du PER (Permis Exclusif de Recherche) de Tennie et je me sens profondément attaché à la région. Étant cycliste, je connais particulièrement bien les communes environnantes et les routes de campagne du coin pour les avoir sillonné durant mes années d'adolescence. Absent durant de longues années d'études en France et au Canada, je reviens aujourd'hui, avec un diplôme d'ingénieur en hydraulique et hydrologie, un doctorat en météorologie et climatologie, tandis que j'obtiendrai prochainement un titre de doctorat en économie du développement.
Je connais bien les multiples effets que l'activité minière industrielle telle qu'on la pratique aujourd'hui pour les avoir étudié en profondeur au cours des 10 dernières années, tant au Canada, qu'en Amérique Latine ou encore en Afrique. Une documentation internationale sérieuse et conséquente existe aujourd'hui à ce sujet. L'ampleur des impacts environnementaux, sociaux, économiques, politiques, sanitaires, culturels et même psychologiques, aussi généralisés que dramatiques de la mega-industrie minière restent cependant -relativement- méconnus en France.
Précisons que ces impacts sont à la mesure du modèle actuel d'exploitation, un modèle du XXIème siècle, celui d'un gigantisme minier. La conjoncture économique internationale et les avancées technologiques permettent aujourd'hui d'exploiter de façon rentable ce qu'hier on ne considérait encore que comme des terres « stériles ». Dans l'industrie des métaux, ces terres exploitables ne contiennent actuellement que des concentrations infimes de minerais. Songez qu'en moyenne, les "gisements" de cuivre tels qu'on les identifie maintenant, contiennent moins d'1% -un tout petit pour cent- de cuivre. Quand on exploite un gisement de ce type, 99% des roches déplacés deviennent donc des déchets à stocker, et bien entendu à contrôler, pendant des lustres.
Soyez assurés que cette dernière tâche ne reviendra pas à la société australienne qui est à la tête du projet minier qui s'installe aujourd'hui en Sarthe et en Mayenne. Jamais les sociétés privées, à plus forte raison lorsqu'elle sont inscrites sur des bourses étrangères, ne se chargent de cette besogne. Cette dernière échoit aux collectivités locales et aux États. Pourtant, les résidus miniers sont susceptibles de générer des pollutions pour les décennies, voire même les siècles à venir. En Espagne, des déchets des mines de l'empire romain continuent de polluer le "río tinto", le fleuve rouge à cause de l'acidité extrêmement élevée de ses eaux. Demandez à nos "cousins" les québécois quel leg leur a laissé un siècle d'exploitation minière industrielle. La facture de la réhabilitation des parcs à résidus miniers québécois se chiffre en centaines de millions, voire en milliards de dollars. Ainsi, même au Canada, qu'on présente souvent comme un "exemple" en matière de standards d'exploitation, on fait donc face à des problèmes insolubles de gestion de déchets miniers.