Langue

Maurel et Prom

Articles

Le néocolonialisme made in France de Maurel & Prom dans l’Amazonie péruvienne

Date de publication: 
Dimanche, 14 Septembre, 2014
Par: 
Simone Garra
 

Dans la présentation de l'article, Sevindi.org écrit : «  L'entreprise Maurel et Prom, connue pour ses antécédents désastreux et ses méthodes visant à diviser, et moralement répréhensibles, opère en collaboration avec l'entreprise canadienne Pacifique Rubiales, dans un contexte de tension et de conflit, contexte dans lequel les autorités péruviennes semblent être totalement absentes – ce qui favoriser les opérations de l'entreprise. »

Personnellement, il me semble que les autorités péruviennes sont loin d'être absentes de la région de Condorcanqui. En outre, je ne crois pas que  la présence desdites autorités puisse représenter un obstacle à l'expension de l'entreprise.
Les autorités péruviennes sont fortement présentes à Condorcanqui depuis les années 1950, date à partir de laquelle l'Etat péruvien a commencé à militariser la frontière avec l'Equateur en raison des tensions relatives à la délimitation territoriale. Avec pour objectif de « civiliser » les populations indigènes et de pacifier ces groupes traditionnellement guerriers, l'Etat péruviens a promu leur scolarisation avec l'appui des missionnaires jésuites et des linguistes protestants de l'Institut Linguistique de Verano. Il s'agit d'un processus qui a profondément transformé la vie et l'organisation sociale des Awajún, en les rendant dépendants sur le plan économique et politique.
Actuellement, la présence des autorités péruviennes s'accroit à travers l'éducation imposée par l'école. Cette dernière méprise la culture locale, promeut des idées machistes et nationalistes, et enseigne aux jeunes à « se surpasser professionnellement », ce qui a pour effet d'installer un esprit de compétition. Elle est violemment inculquée aux awajún qui sont contraints de faire leur service militaire.
De telles valeurs régissent également l'administration politique de la région, tant au niveau des districts qu'au niveau de la province. Comme c'est le cas dans tout pays, les autorités péruviennes sont ici synonymes de « clientélisme et corruption », ce qui favorise à coup sûr les intérêts des entreprises pétrolières.
Enfin, les autorités péruviennes sont présentes à travers les forces armées et policières, toujours prêtes à intervenir en cas de troubles, comme ce fut le cas le 5 juin 2009. Nous rappelons que l'entreprise minière Afrodite, installée dans la Cordillère du Condor, opère sur un zone militaire, ce qui lui permet d'être assurée sur le plan des infrastructures nécessaires et de la protection contre les populations locales qui sont hostiles au projet.
De mon point de vue, au Pérou comme partout dans le monde, ce n'est pas la présence de l'Etat qui favorise l'exploitation des hommes et de la nature. Au contraire, en assurant les conditions d'existence sociales et matérielles des capitalistes, l'Etat défend leurs intérêts.

Simone Garra

Servindi : http://servindi.org/actualidad/112742

Rien ne semble freiner l’insatiable  soif d’argent des entreprises pétrolières, responsables dans le monde entier  de guerres, de corruptions, de régimes totalitaires et de catastrophes environnementales. Il y a six ans, dans le nord de l’Amazonie, les peuples Awajun et Wampis saisissaient leurs lances et se mettaient sur le pied de guerre: ce fut  le début de deux périodes de mobilisations nationales dans l’Amazonie péruvienne, contre l’invasion du capitalisme international et le pillage des ressources en terres indigènes. “la forêt ne se vend pas, elle se défend” fut la réponse de millier de femmes et d’hommes qui, entre 2008 et 2009 luttaient contre les nombreuses lois dont l’objectif  clair et explicite était d’éliminer les obstacles juridiques pour les grandes entreprises dans la région  amazonienne. Le cinq juin 2009,  c’est balles contre lances ! La répression de l’état ne s’attendait pas à rencontrer une riposte tant aguerrie: des policiers sont désarmés par les manifestants et tués, les habitants de la ville de Bagua, solidaires avec les manifestants, se soulèvent et brûlent des bâtiments publics. [1]Tout le pays tremble face à cette vague de révolte qui depuis l’Amazonie arrive aux Andes et sur les côtes océaniques. Au bilan, des dizaines d’arrestations, des persécutions d’organisations solidaires, des tortures dans les prisons. Trois des manifestants encourent plus de cinq ans de prison. Un procès s’ouvre le 14 mai 2014 contre 53 manifestants, la justice demande des peines exemplaires allant de de 22 ans de prison à la condamnation à perpétuité. Pour imposer leur domination absolue les multinationales terrorisent, répriment et punissent matant toutes contestations.

Un an après les événements de la ville de Bagua une entreprise française vient s’installer à Condorcanqui au cœur du village Awajun Wampis comme si rien ne s’était passé. Comme si elle ignorait que ces villages, dès leurs premiers communiqués avaient rejeté la présence d’entreprises pétrolières sur leur territoire. Comme s’ils n’avaient pas suffisamment de problèmes avec d’autres entreprises telles que la minière Afrodita-Dorado Péru installée dans la Cordillère du Condor. Comme si les peuples Awajun et Wampis n’avaient pas réclamé depuis 2007 l’annulation de la concession du lot 116 à l’entreprise colombienne Hocol qui l’avait obtenue en 2006 sans aucun processus de consultation préalable[2].

C’est ainsi qu’en 2010, l’entreprise Maurel et Prom (MP) récupère la concession du lot 116 en se substituant à l’entreprise colombienne Hacol. L’histoire de Maurel et Prom qui, sur son site internet, se vantait d’avoir perforé plus de 100 puits d’exploration dans 12 pays et 4 continents, montre clairement la continuité qu’il existe entre le colonialisme et la nouvelle domination  des entreprises pétrolières. En effet, Maurel & Prom était initialement une entreprise de transport maritime pour les produits qui arrivaient des colonies françaises d’Afrique Occidentale, comme la Côte d’Ivoire (Côte de Marfil), le Sénégal, le Cameroun et le Congo. Dans la décennie 1970 Maurel & Prom se transforme en entreprise d’élevage industriel de poulets et de poissons et dans la décennie 1990 elle entre dans le commerce de  l’énergie et des mines à Madagascar et elle étend rapidement sa domination  dans les pays les plus pauvres d’Afrique où elle exploite les ressources et les populations en négociant avec les régimes sanguinaires et en provoquant des catastrophes environnementales[3].

En 2012, au Gabon, alors que l’entreprise annonçait une augmentation de 72% de son chiffre d’affaire atteignant ainsi les 376,3 millions d’euros annuels, les habitants de la région du lac Ezanga dénonçaient l’empoisonnement des sources d’eau, l’apparition de maladies gastriques et le premier cas de mort imputable à ces maladies[4]. D’un autre côté́, ils dénonçaient le non-respect des promesses tenues par l’entreprise : «Les responsables de la compagnie avaient contractés une série d’engagements qu’ils n’ont malheureusement pas respectés.

Brèves

Au Pérou, une entreprise française arrête de forer mais pas de polluer

Le pétrolier Maurel & Prom est mis en cause par des ONG françaises et péruviennes après son désengagement d’une plateforme en Amazonie. Cette société dirigée par Jean-François Hénin, l’ancien financier du Crédit lyonnais, condamné dans l’affaire Executive Life, a minimisé « les risques liés à l’utilisation de produits toxiques ».

Lire la suite »

Documents

Lettre d'information du collectif Aldeah - septembre 2014 -

Alternatives au Développement Extractiviste et AnthropocentréLettre d'information du collectif Aldeah
- septembre 2014 -

  

 
Petit bilan de l’été : le festival international Terre d'aucune mine (No mine's land) , qui s'est tenu à l'occasion de la journée internationale contre la méga-industrie minière sur le périmètre du permis de Villeranges , à Lussat, dans la Creuse,  a rassemblé le 26 juillet dernier plus de 500 personnes, soit l'équivalent de 50 000 participants si on était à Paris ! Et ce n'est pas fini. Après une manifestation et une conférence de presse fin août, le collectif local lance un appel à celles-ceux qui le souhaitent : «  venez dans la Creuse créer des alternatives concrètes» et opposez-vous positivement à l'extractivisme, aujourd'hui imposé comme  le seul « projet d’avenir » pour ce département... « Bientôt des mines près de chez vous ? ». En Europe, les résistances s’articulent. Une coalition européenne de collectifs et d’association réclame d’une seule voix à l’équipe de J.C. Juncker l’interdiction des technologies à base de cyanure dans les mines.
 
L'industrie minière, "Ni ici, ni ailleurs", entend-on dans la Creuse. Les entreprises françaises n'en ont que faire et exploitent au Pérou! Cocorico … beurk !
En lisant l'enquête de Simone Garra "néocolonialisme made in France de Maurel & Prom dans l’Amazonie péruvienne" on apprend comment l'entreprise Maurel & Prom,  issue du système colonial, poursuit ses frasques du Gabon au Pérou en passant par le Canada (et bientôt la France?). Aujourd'hui, elle cherche à exploiter les territoires du Nord de l'Amazonie péruvienne, ignorant le rejet catégorique que les populations concernées ont exprimé vis-à-vis de ce type d'activités qui ont déjà laissé trop de mort dans leur sillage. 
 
Mais les choses ne se passent pas aussi simplement que le souhaiteraient les  dirigeants de ces compagnies prédatrices : au Pérou, on n’aime pas les mines à  ciel ouvert et on le dit. Pour preuve, et même si la lutte contre le projet Conga semble, au bout de trois,  marquer le pas, ce n’est pas un hasard si Raquel  Neyra, militante péruvienne anti-mine donne un coup de pied dans la  fourmilière en signant une tribune ouverte :  «CONGA, la lutte , la mine et les élections ».  
 
Pour poursuivre, nous vous proposons une traduction d’un article de Raúl Zibechi  qui éclaire d’un regard sans tabou « l’Amérique Latine vue d’en bas »  et essaie de répondre, pays par pays, à la question qui fâche : « où  en est-on dans la région (en juin 2013), la matrice productive  change-t-elle de profil ? " Vraisemblablement, et malheureusement, ce  n’est pas le cas, ni là-bas … ni ici, pourrait-on dire : en France, les Grands Projets Inutiles Imposés se poursuivent. Heureusement, les répliques aussi, et les luttes se multiplient. A ce sujet, vous pourrez signerune pétition en défense de la ZAD du Testet  contre le barrage de Siven ou encore participer à une cyberaction contre la ré-activation (encore!) de l'exploration des hydrocarbures de schiste en France. Et si vous en voulez encore, souvenez-vous de vos vacances et protégez la forêt cévenole, où une centrale à Biomasse menace de tout détruire . Ouf !
 

Enfin, voilà des nouvelles de Caméra Shuar :

Chers tous,

Nous avons le plaisir de vous communiquer que Caméra-Shuar a été invité a faire partie du jury du renomé festival indigène ANACONDA. Cette évenement aura lieu pendant le mois d’octobre 2014 dans les communautés shuars de l’Amazonie Equatorienne.

Ce 10 octobre 2014 et pendant une dizaine de jours, démarre le deuxième atelier de cinéma dans la communauté shuar de Kipiamais. A cette occasion nous finirons un deuxième court-métrage de fiction, TSUNKI, tiré d’un mythe shuar sur l’esprit de l’eau.

Vous serez conviés à une soirée en fin Janvier 2015, pour partager le travail réalisé et faire des échanges.

Suite aux ateliers du mois de mai et juin 2014, nous avons tourné le court-métrage de fiction IWIANCH, un mythe shuar sur un être diabolique qui parfois rend visite aux shuars. Nous cherchons des festivals pour le faire tourner. (http://camara-shuar.org/ateliers_cine.html)

mot de passe: chantes

(pas encore sous-titré au français).

Le mois de mai 2014, pendant quelques jours, une partie de l’équipe de Caméra-Shuar, (Domingo Ankuash, Franklin Mankash, Raul Ankuash, Carolina Soler et moi même), sommes partis faire une visite aux Sarayakus afin de promovoir des échanges sur l’autonomie des médias. Par la suite nous avons produit un court-métrage. (http://camara-shuar.org/sarayakufr.html)

style="font-size: small;"> (pas encore sous-titré au français).


A tous ceux qui m’ont confirmé, les colliers seront envoyés à vos adresses en décembre.