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Changer de maître, mais pas d’école ? Opération Correa en huit leçons.

Date de publication: 
Jeudi, 23 Avril, 2015
Par: 
Collectif Aldeah

Crédit : http://www.lemandarin-magazine.com/la_chine_en_equateur_derriere_la_fraterniteCrédit : http://www.lemandarin-magazine.com/la_chine_en_equateur_derriere_la_fraterniteActuellement en salles, le film « Opération Correa » de Pierre Carles se propose de dévoiler la logique marchande des grands médias qui pousse les journalistes à ignorer le « miracle équatorien » et son principal protagoniste, Rafael Correa, président de l’Equateur depuis presque neuf ans*. De Podemos (Espagne) à Syriza (Grèce), en passant par Jean-Luc Mélenchon en France, le rêve équatorien séduit pourtant la gauche radicale européenne, et l’« opération » de Pierre Carles entend donner à cet enthousiasme un nouvel élan. Mais après ces neuf années, que peut-on dire du projet politique de Rafael Correa ? Entre le silence des grands médias et la propagande des hérauts de la « révolution citoyenne », difficile d’y voir clair. 

Bien qu’il soit impossible de dresser un bilan complet, certaines caractéristiques de la gestion de Correa nous interpellent. En tant que militants, français, latino-américains et notamment équatoriens, engagés dans des luttes concrètes contre l'extractivisme, l'autoritarisme et le capitalisme (non, nous ne sommes pas des agents de la CIA), nous sommes inquiets de constater que la « révolution citoyenne » de Correa sert de source d’inspiration aux dirigeants et militants en quête « d’alternatives » qui ne semblent pas être au fait des réalités locales, ou qui décident de les ignorer au risque de cautionner des politiques, discours et attitudes contre lesquels ils se battent ici-même en Europe. Une mise au point s’impose.

 (1) Rafael Correa est-il anticapitaliste ?

Il nous répond lui-même : « Nous faisons mieux avec le même modèle d’accumulation, plutôt que de le changer, parce que notre intention n’est pas de porter préjudice aux riches, mais de parvenir à une société plus juste et équitable »[1].

 (2) Quel genre de démocratie est l’Equateur de Rafael Correa ?

Rafael Correa et son mouvement politique, Alianza País, ont enclenché un processus de modification de la Constitution (promulguée lors de son premier mandat), qui lui permettrait de briguer plus de deux mandats successifs[2], contredisant ce qu’il affirmait il y a peu : « ce serait très malheureux qu'une personne soit si indispensable qu'il faille changer la Constitution pour modifier les règles du jeu »[3]. La même réforme constitutionnelle donnerait à l’armée le droit de participer à des opérations de sécurité publique (article 158), limiterait la possibilité de citoyens de se défendre contre les actes abusifs de l’Etat (article 88) et ferait de la « communication gouvernementale » un service public impliquant un droit de diffusion (au nom de ce service) et un contrôle accru sur les médias publics et privés (article 384)[4].

De même, le décret présidentiel n°16 [5] « encadre » si bien l’activité des associations que, quelques mois après son entrée en vigueur, il a déjà permis la fermeture de la Fundación Pachamama pour le motif qu’elle aurait exercé une activité politique menaçant la sécurité de l’Etat[6]. Pour rappel, en vertu de ce décret, l’activité politique n’est autorisée qu’aux partis politiques, officiellement inscrits comme tels, sous peine de dissolution ou de poursuites pénales! Quelle liberté pour les contre-pouvoirs existe-t-il aujourd’hui en Equateur si critiquer l’action du gouvernement peut mener les représentants d’une association en prison ? Qu’est-ce qu’une « activité politique » ? Il s’agit bel et bien d’un ensemble de réformes anti-démocratiques et elles ne sont pas le fruit du hasard.

Sous les mandats de Rafael Correa, les projets d’exploitation de ressources naturelles sont lancés sans consultation des communautés indigènes[7], en violation de la convention 169 de l'OIT (ratifiée par l’Equateur) et de la Constitution, instaurant un climat de peur et de répression des opposants : emprisonnement sans preuve, assassinats inexpliqués, répressions violentes, vexations quotidiennes. Dans la Cordillère du Condor (en Amazonie), trois de nos camarades ont ainsi récemment disparu : en 2009, Bosco Wisum est tué par la police lors d'une manifestation en opposition à la nouvelle loi sur l'eau (favorisant sa privatisation) ; en 2013, Freddy Taish est abattu lors d'une opération de l'armée ; enfin, en 2014, le corps sans vie de José Tendetza, opposant notoire au mégaprojet minier chinois Mirador, est retrouvé dans un affluent du Rio Zamora. Javier Ramirez, un des leaders de l’opposition à l’exploitation du cuivre en Intag, a été emprisonné durant 11 mois sans que les faits qui lui sont reprochés ne soient établis, tandis qu’un autre opposant, Carlos Zorrilla, d’origine cubaine mais qui réside en Equateur depuis 1978, a été accusé publiquement par le président Rafael Correa en personne, lors de son émission télévisée hebdomadaire, d’être « un étranger qui empêche le développement [du] pays » ![8]

Enfin, à propos de l’avortement, nous vous laissons juger : en 2013, lorsqu'un petit groupe de députées appartenant à Alianza País (parti de Rafael Correa) proposent de le dépénaliser en cas de viol, Rafael Correa, fervent catholique, menace de démissionner et dénonce la « trahison » des députées, tout en jurant qu’il refuserait d’accepter cette décision du parlement si elle était votée[9]. Son secrétaire juridique, Alexis Mera, un homme politique qu’on situerait volontiers à l’extrême droite en France, qualifiera de "mal baisées (mal culiadas)" les féministes pro-avortement[10] ! Ambiance.

(3) La « révolution citoyenne » de Rafael Correa est-elle portée par les mouvements populaires, indigènes et paysans ?

Tia Maria, l’extractivisme contre-attaque

Date de publication: 
Samedi, 4 Avril, 2015
Par: 
Raqueln

Le géant Grupo México, premier producteur minier mexicain et  3ème producteur mondial de cuivre, est la propriété de l’entrepreneur German Larrea qui possède la 2ème fortune du Mexique (14 700 millions de dollars). Sa filiale, Southern Peru Copper Corporation, exploite au sud du Pérou les sites de Toquepala et Cuajone et la raffinerie de Ilo. Aujourd’hui, le portefeuille péruvien du groupe s’agrandit grâce au développement du projet Tia Maria dans la vallée d’El Tambo, riche zone agricole de la région d’Arequipa[1].



[1] Vallée de 13 000 ha, production agricole surtout de pommes de terre et d’ oignons pour une valeur de 328 millions de dollars annuels, 30 000 emplois directs et indirects

Avec un investissement estimé à 1 400 millions de dollars, ce gigantesque projet  devrait produire 120 000 tonnes de cuivre en 18 ans d’exploitation. Le minerai serait obtenu en utilisant de l’acide sulfurique, puis par lixiviation et dissolution par des solvants et finalement l’électrodéposition. D’énormes quantités d’eau devraient être utilisées selon le procédé choisi.

Grèce : les citoyens de Chalcidique préfèrent la vie à l’or

Eldorado Gold, multinationale canadienne, voulait passer en force pour exploiter une gisement à ciel ouvert. S’appuyant sur un large mouvement d’opposition, Syriza vient de stopper ce projet délétère pour l’environnement et l’avenir économique de la région.

Chalcidique (Grèce), envoyée spéciale.C’est en empruntant une route nationale en piteux état que l’on se rend en Chalcidique. Troisième plus importante destination touristique du pays, cette péninsule, située à l’est du golfe de Thessalonique et prolongée par trois presqu’îles bordées par la mer Égée, est un bijou de nature préservée, réputée pour ses plages, mais aussi pour la qualité de ses fruits et légumes, ses poissons, son miel et ses fromages, qui s’exportent dans tout le pays. En arrivant vers le village de Skouries, on voit qu’une grande artère goudronnée fl ambant neuve a été taillée à fl anc de montagne. Aucun panneau de signalisation n’indique sa destination. Et pour cause, cette route de 8 kilomètres, construite avec des deniers publics, est à usage privé. Elle conduit au site de la mine qu’est en train de creuser la multinationale canadienne Eldorado Gold : une exploitation de cuivre et d’or à ciel ouvert.

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