La riche vallée de El Tambo produit surtout des oignons et des pommes de terre, pour une valeur estimée de 380 millions de dollars annuels, et est riche en pâturages. On y cultive aussi bananes, olives, maïs, ail, quinoa, canne à sucre. Oignons, ail et pommes de terre sont exportés vers les pays voisins et nourrissent la ville de Lima. De 40 à 50 mille agriculteurs travaillent ici. Cependant, « l’avantage comparatif »[7], l’un des piliers du néolibéralisme, a condamné le Pérou à être un producteur minier. Et les gouvernements successifs s’y soumettent puisqu’ils sont, tout simplement, d’accord. Celui de Ollanta Humala a vu dans cette politique son gagne-pain et le financement de sa (maigre) politique sociale. Les accords relatifs aux Traités de Libre Échange[8] - qui doivent garantir les investissements étrangers et rendre l’État responsable de l’accomplissement de ces accords - poussent le gouvernement à faire usage de la main de fer : le récemment nommé premier ministre, Pedro Cateriano, s’est rendu à Arequipa (chef lieu de la région concernée) et a annoncé que le projet passerait coûte que coûte. Aujourd’hui, 22 avril, la région s’est mobilisée et est en grève. Mais la police a contre-attaqué et tué l’agriculteur Victoriano Huayna Nina - 61 ans - qui est mort, vidé de son sang, après avoir reçu une balle dans la jambe. Pourtant, la population ne cèdera pas et n’arrêtera les protestions, que si et seulement si, le projet est annulé.
Les opposants, quels qu’ils soient, sont traités de terroristes. Défendre la vie, aujourd’hui, est synonyme de terrorisme. Mais, cette fois-ci, le gouvernement est face à une opposition beaucoup plus importante que celle contre le projet Conga[9], puisque quatre maires de la région prennent part à la lutte et défendent, très activement, leur vallée. De plus, la vallée n’est pas une zone vide d’activité agricole, bien au contraire, elle est très productive. La pollution des eaux et terres, par la mine, et surtout de l’air, par les particules issues des explosions minières (la fréquence des cancers du poumon continue à augmenter progressivement dans la région d’Arequipa[10]), va provoquer un désastre humain, écologique et économique laissant le pays aux mains du néolibéralisme, qui détruira aussi toute souveraineté alimentaire.
Lire un reportage complet sur le projet : http://servindi.org/actualidad/127691
[1] http://www.aldeah.org/fr/tia-maria-l-extractivisme-contre-attaque-0
[2] http://www.elpueblo.com.pe/noticia/primera/oficina-de-dialogo-ratifico-conversaciones-con-poblacion-por-tia-maria
[3] http://www.altavoz.pe2015/04/15/peru/promotor-del-paro-antiminero-contra-tia-maria-es-arrestado
http://diariocorreo.pe/peru/tia-maria-dejan-en-libertad-a-dirigente-antiminero-jesus-cornejo-581074/
[4] UNOPS : Bureau des Nations Unies pour les services d'appui aux projets (UNOPS). "L'UNOPS est un organe opérationnel des Nations Unies. Il aide ses partenaires à mettre en œuvre efficacement des projets humanitaires, de consolidation de la paix et de développement partout au monde.". Ici, dans la vallée de l'El Tambo, l'UNOPS est particulièrement chargé, en vertu de sa signature d'un accord avec le ministère de l'Énergie et des Mines (Minem) en novembre 2010, d'examiner les différentes études d'impact environnemental du projet Tia Maria.
[7] Des Principes de l'économie politique et de l'impôt, David Ricardo.
[8] Acuerdo de Integración Comercial entre los Estados Unidos Mexicanos y la República del Perú http://www.ina.com.mx/documentos/comercio_exterior/acuerdos_comerciales/TLC%20Peru.pdf
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